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"Pour celui ou celle qui a expérimenté une fois le corps dans sa capacité de transparence, et a éduqué sa sensibilité à la transparence, le corps devient un maître intérieur sur le chemin."                                                                                            K.G.Dürkheim

 

Sur l’importance du chant

Yehudi Menuhin (mort en mars 1999), Düsseldorf le 12 février 1999.

 

Le chant, c’est la véritable langue maternelle de tous les hommes. En effet, c’est la façon la plus naturelle et la plus simple d’être là intégralement et de partager sans réserve toutes nos expériences, nos ressentis et nos aspirations.

Le chant est avant tout la danse intérieure du souffle, de l’âme. Mais il peut aussi dans la danse libérer nos corps de leurs raideurs et nous enseigner le rythme de la vie. 

C’est dans la mesure où il grandit à partir de l’écoute, à partir de l’oreille attentive, que le chant peut s’épanouir.

En chantant, on peut se perfectionner dans l’écoute de nos semblables et de notre entourage…

A notre époque, les ressources naturelles et psycho-spirituelles de l’humanité semblent dépérir de plus en plus, au point que l’avenir pourrait bien être fortement menacé.

C’est pourquoi nous avons absolument besoin de toutes les ressources possibles de conscience qui nous restent accessibles. Le chant recèle incontestablement un potentiel encore en sommeil : il peut réellement devenir un langage universel pour tous les hommes.

Dans le chant se manifeste l’ensemble des trésors de sensibilité et de réflexion dont disposent les individus et les peuples.

C’est pourquoi il ne faut pas seulement conserver et protéger le chant. Il faut le promouvoir à travers le monde entier. Car le chant rend possible de façon incomparable, la compréhension immédiate des cœurs par-delà toutes les frontières culturelles.

Lorsque nous autres humains nous saisissons nous-mêmes en tant qu’objet sonore, en tant qu’instrument de musique au sein de la symphonie de la création, et qu’en chantant nous nous apprenons toujours à nouveau à établir en nous la paix, alors, par les processus de guérison auxquels nous accédons à travers la musique, nous devenons aussi capables de soigner autant qu’il est possible les blessures de la terre dont nous sommes responsables.

Nous autres humains, sommes des êtres sonores, capables de puiser et de créer par le chant.

Il nous est possible par le chant de donner de l’âme à nos actions et à notre monde, en chantant l’amour et la joie afin d’offrir de l’espérance et de la confiance. Mais nous pouvons aussi chanter la douleur de l’âme et ennoblir notre cœur en exerçant le pardon : il nous est possible de devenir des cantiques qui font se réunir pour la louange adressée à la création.

Ainsi, le chant peut être un mouvement au plus intime de chacun et provoquer par là une douce révolution vers la sérénité, et peut-être aussi pourra-t-il nous aider, en tant qu’humains, à nous libérer de plus en plus de nos structures anti-vie au plan personnel comme au plan de la société.

Sur ce chemin, nous pouvons développer la force de bâtir et de maintenir de nouvelles structures, de l’intérieur vers l’extérieur au niveau individuel, et du bas vers le haut au niveau social, qui sauront faire grandir une paix vivante et lui donner protection…

Dans cette voie nous n’avons rien à perdre et tout à gagner.

Lorsque quelqu’un chante de toute son âme, il soigne ainsi son monde intérieur.

Lorsque plusieurs chantent de toute leur âme et s’unissent dans la musique, ils soignent ainsi le monde extérieur aussi.

Je serais comblé de joie si un « chant du monde » tel que je l’entends déjà intérieurement pouvait être vécu et entendu : « il canto del mondo ».

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